Peintre depuis plus de 30 ans, j’ai toujours vu en la peinture une façon d’habiter le monde.
Actuellement, je peins à Saint Armel, au bord du Golfe du Morbihan.
Auparavant, en Bourgogne, j’ai animé de nombreux groupes d’amateurs adultes avec lesquels j’ai déployé des œuvres collectives et des expositions.
J’ai en particulier accompagné, pendant 20 ans, chacun des 35 membres de l’atelier de peinture d’Is-sur-Tille dans sa démarche propre. Ensemble nous avons cheminé, défriché ce que chacun donne à sa peinture et ce que peindre offre en retour. Nous avons eu à cœur de sentir en quoi peindre favorise une société habitée et comment ne pas perdre de vue que l’humain est au cœur du travail.
Mon parcours:
Du plus loin que je me rappelle, j’ai toujours eu une question :
« Comment faire pour vivre sa vie ? »
Enfant, à observer ce qu’il se passait autour de moi, je sentais que quelque chose clochait.
Quand en poste d’assistante sociale de secteur en 1980 dans les Hauts de Seine, j’ai vu que je ne pouvais pas croire sincères les directives de politique sociale, tout m’est devenu inconfortable.
Sursaut !!
Aucun autre choix que de quitter radicalement tout cela en 1987. C’est alors qu’aidée par la naissance de ma deuxième fille dont la santé nécessitait ma présence, le quelque chose qui clochait m’a poussée hors cadre pour rencontrer le cadre de la toile à peindre.
Ouf !
Décoiffée par tant d’aventures, de promenades et de possibles inédits se dévoilant au fil du travail, je me suis mise à peindre tous les jours. Je n’avais qu’à peindre et me laisser emmener par les accords d’harmonie. Je n’en revenais pas. Une peintre m’a conseillée sur la technique pendant un an. Tout était là , ne demandant qu’à se faire. Je n’ai pas eu besoin de faire d’études pour cela.
Constamment surprise d’y parvenir et étonnée par ce cadeau, j’ai fini par ne plus faire que de la peinture et élever mes trois filles.
Ce que demande la peinture pour y être m’a très vite donné la réponse à ma question tenace du « comment faire pour vivre » puisque la peinture me faisait rencontrer ma vitalité même. L’expérience était chaque fois différente et plus ouverte à chaque nouvelle toile.
La peinture m’élevait et je me devais de la soutenir.
Du même coup, j’ai vite su que peindre est accessible à tous si on fait de la peinture sa maison.Je n’ai eu d’autre choix en retour que d’offrir à d’autres la possibilité de pratiquer la peinture. Et ce, immédiatement, sans délai, avant même de savoir ou maitriser toutes les bases. J’ai ouvert, pour commencer des ateliers pour enfants et rapidement pour leurs parents en 1990 en fondant l’association l’ Ecole du Peintre. Puis je me suis formée plus tard à l’accompagnement, chose que je faisais spontanément mais qui avait besoin de se valider par une formation à l’art thérapie.
Ce travail de concert avec ceux que j’accompagnais et ma propre pratique m’a amenée à rencontrer le champ de la pensée. Je me suis intéressée à un philosophe Heidegger par ce que j’avais entendu qu’il proposait un
« comment penser le sens de l’existence ».
J’ai alors travaillé avec quelques-unes de ses phrases.
Je me sentais bien seule ! Où sont les autres qui doivent avoir réfléchi à tout cela ? Comment faire pour ne pas rester isolée ?
Je suis partie en résidence de travail, me mettre en retrait loin de mes zones de confort. J’ai également rencontré un philosophe : Bernard Stiegler.
Puis n’entrevoyant d’autre issue que de témoigner de ma propre expérience, je me suis attelée en 2010 à l’écriture d’un ouvrage (« Peindre m’est tombé dans les mains » sorti en janvier 2018) sous forme d’un récit poétique. J’y montre le chemin de mon regard de peintre, celui qui a senti très tôt que quelque chose clochait.
Hasard !
Un article de magazine me passe entre les mains. Le philosophe Fabrice Midal propose un séminaire de méditation dont le sujet est l’exploration de la pratique : « Ce qu’apporte la méditation vient de l’expérience de la pratique ». Ces seuls mots m’ont décidée à demander mon inscription.
Sursaut !!
Sans savoir pourquoi je sens que cela a à voir avec « penser le sens de l’existence ».
Je me rends alors à la découverte de Fabrice Midal en 2012.
Choc !
Alors que je pensais rencontrer une façon de penser l’existence distribuée par Fabrice Midal, j’ai rencontré le « coussin ».
Sur le coussin, les points précis de la posture et le contact corporel avec le coussin m’ont offert une base pour comprendre le corps comme caisse de résonnance. Avoir suivi des séminaires sur l’art et la poésie m’ont aidée à penser le sentir.
La pratique de la méditation s’est alors tout naturellement installée au quotidien. Je chemine depuis 8 ans sur cette voie et comme pour la peinture, offrir en retour la pratique telle que je l’ai reçue s’est imposée. J’ai suivi le cycle Instructeur à l’Ecole Occidentale de Méditation. Je guide les séances portes ouvertes des mardis soirs une fois par mois à l’antenne régionale de Nantes.