Si j’avais un coussin…

Chacun chez soi et ensemble.

Un confinement, des confinements nous ont demandé de faire face aux vagues successives d’empêchements d’aller et venir.

Chacun chez soi, dans un monde qui ne tourne pas rond, qu’est ce qui nous tient compagnie face à une situation de vie inédite ?

Qu’est-ce qui nous tient dans l’inconfortable de la situation ?

Un coussin ?

Je m’assois tous les jours sur mon coussin de méditation.

Le bassin bien posé au centre du coussin, je me mets à l’écoute de tout ce qui me parvient.

Sur mon coussin, un monde dépourvu de toute activité humaine mais à la nature bruyante du printemps, brouillait mon entendement.

Le vivant de la vie qui suit son cours arrivait jusqu’à moi.

Me tenir là tout simplement à l’écoute et sans rien faire, face à l’inquiétude d’un monde qui change m’a demandé d’aller trouver confiance dans la vie qui se donne et qui ne fait pas défaut.

Au cours du chemin longeant les marais salants, j’entendais les chants, les cris, les piaillements des mouettes, aigrettes, avocettes, sternes, spatules, échasses, chevaliers gambettes, courlis, …
Je me connectais au vent, à l’air, au moindre souffle.

J’avais eu le souffle coupé et les bras m’en tombaient.

Pendant cette période inquiétante, inédite et bouleversante, le sentiment d’impuissance et d’empêchement était fort et il fallait bien tenir !

Je suis restée à l’écoute, assise là, à suivre le mouvement de la vie qui se fait en soi régulièrement sans qu’on n’y pense et il y avait un je ne sais quoi d’amical que je goûtais.

A me tenir là dans l’ouverture de cette amicalité j’ai rencontré une main venue du coeur et qui m’a permis de poser délicatement ma tête dans mes bras .

Saint Armel

De la Bourgogne à la Bretagne,
D’Est en Ouest,
D’avis de coups de vent en tempêtes,
Entre fin et début,
Entre flux et reflux, souffle, loin du dernier souffle, ce qui ne tient qu’à un fil, l’impressionnante vigueur de ce qui va peut-être couler.
Sursaut.
J’y arrive, éternellement surprise d’y être au bon moment.
C’est marée basse.
Bientôt marée haute.
Le gué est là, découvert.
La traversée est possible pour l’île Tascon.
Je n’y suis jamais lorsqu’elle est île.
J’y suis lorsqu’elle est presqu’île.
Je suis à bon port.
Sursaut.
Il est bien là l’arbre, l’arbre en question, ce pin si haut.
Celui dont je ne vois jamais le haut.
Celui qui s’illumine au soleil couchant.
Celui qui attend son effondrement au port des arbres perdus.
Celui qu’on n’abattra pas.
Caisse de résonnance.
Tambour.
Son de l’hors de soi. Hors de moi notre unisson s’entend.
Sursaut.
Pas prête de m’écrouler ni de couler ni de me noyer.
Prête à maintenir le cap face à l’effondrement. Ici à Saint Armel.