Œuvre éphémère « Parterre de toiles étoilées »

20 juin 2015

C’est pour aujourd’hui.
Le vent souffle fort. Les arbres secouent leurs branches.
Les toiles qu’on étale sur la pelouse déplacent l’air.
C’est commencé.
Seule la promesse de voir scintiller un parterre coloré, étoilé sous le soleil, sonne le signal.
Dressés, tels des arbres, les portants bras ouverts, s’apprêtent à tenir bon.
Des pots de plantes arbustives et tinctoriales cherchent place et orientation appropriées.
Plutôt de ce côté?
Ici ?
Tourné par-là ?
Est-ce mieux dans ce sens ?
Les yeux travaillent afin d’accorder ce qui se présente.
Personne ne sait dire depuis combien de temps, des pots et des pots sont manipulés, des sacs et des sacs vidés, des tableaux et des tableaux accrochés.
Cela fonctionne-t-il par rapport aux peintures, aux arbres, aux autres plantes, au vent, aux allées, à nos yeux, au soleil, à notre soif ?
Celles qui, courbées telles des « glaneuses » tapissent les allées de « mulch » et « puzzolane » s’arrêtent de temps en temps et jettent quelques coups d’œil pour ajuster les contours à l’ensemble, dans l’attente de l’éclosion.
C’est pour maintenant.
Notre rosace s’allume sous l’effet des cent cinquante plantes en pots jouant de concert avec les vingt-quatre peintures se balançant aux fenêtres des portiques.
Debout, nous accueillons la naissance de ce parterre auquel rien ne manque.
Il tombe quelques gouttes du ciel.
La balade colorée s’ouvre.
Les grandes toiles au sol nous appellent.
Les uns derrière les autres, nous circulons entre stabilité et instabilité mais plutôt avec sensation de confort.
Les Rubia tinctorium, Isatis tinctoria, Calendula, Indigofera, Anthémis tinctoria et autres polygonum tinctorium, carthamus ou tagètes nous frôlent.
Nous avançons lentement, saisis par cette tapisserie mille fleurs.
Nous marchons avec la curieuse impression que les allées matelassées indiquent à nos pieds quand s’arrêter.
Autour du cœur à ciel ouvert, une ronde se forme, on s’y parle presqu’en chuchotant, bien abrités par l’espace offert.
Comme une fleur ce parterre ouvert le matin s’est refermé le soir même.

 

 

Ouvrir l’arbre sous les rouges

Il y a encore du vent qui agite les arbres cette année.

 Les feuilles bruissent.

Suspendues par un fil,

elles se parent ,

de mots,

de mots attrapés,

de suites de mots récoltées.

Des phrases de mots,

pleines de mots,

dégoulinent des feuilles,

devenues papier.

Elles tombent,

deviennent gouttes,

sèchent au bout du fil.

Dans la gouttière.

s’égoutte

ce qui ne se voit pas.

Ce qui goutte est tout autre chose que ce qui s’égoutte des gouttes.

Il ne goutte rien.

La gouttière est vide,

entièrement pleine de vide.

Pourtant les gouttes s’égouttent,

visiblement.

Seule,

l’absence visible de ce qui s’égoutte,

se montre.

Surprenante constatation d’être en présence du rien.

Les gouttes

ont rempli

la gouttière

à ras bord

d’une récolte sonnant d’un long gong

par delà les frontières.

 

Projet « balades colorées 2015  » un parterre de toiles étoilées : hirondelles de village

 

 
Les photos montrent le travail de recherche, préalable à la réalisation finale.

Le projet est celui d’ une Installation déployée sur 100m2, éphémère, extérieure et à parcourir tel un mandala.
La thématique « l’aller et le retour » (analogie avec l’hirondelle) est travaillée pour une proposition ouverte alternant sur la surface au sol, des toiles peintes (en lien et singularité) et des massifs plantés de plantes tinctoriales réunis en un tout, pour former un parterre de toiles étoilées harmonieux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Apporter quelque chose de nouveau à l’existant à Villecomte (stage d’été)

Première phase : Travail personnel, étude de graphisme et couleur. Chacun fait une peinture. Il est possible d’utiliser du collage, couture, installation in situ.

Méthode : Réfléchir sans réfléchir. C’est-à-dire se rendre sur place, chercher un lieu qui vous inspire, partir du ressenti, laisser venir sans réfléchir.A partir du ressenti faire des croquis, dessiner, créer un graphisme au moyen d’un objet symbole, d’une couleur.

Deuxième phase : Créer une proposition d’installation finale, éphémère apportant au lieu quelque chose de nouveau à l’existant. Il s’agit d’un travail en commun à partir de la mise en commun des différentes approches individuelle du lieu.

 

« Air, R » création du stage d’été à Saulx le Duc

L’objectif durant le stage est de donner forme sur le site à une installation  finale, éphémère, et collective, incluant l’ensemble des propositions formelles que chaque participant aura créé et réalisé à partir de matériaux présents sur le site.

La phase 1 : Compréhension du lieu : isoler ce que dégage le lieu du point de vue personnel choisi par chacun. Pour cela chacun fera une déambulation et un mini-carnet de voyage pendant le premier jour.

La phase 2 : Etablir un vocabulaire graphique. Choisir des mots, des adjectifs qualifiants le lieu du point de vue de chacun.

La phase 3 : Mise en commun. Temps d’une déambulation commune.

La phase 4 : Production d’un geste artistique. Réalisations de créations individuelles à installer sur le site.( peinture, dessins, volumes, mini-installations).

La phase 5 : Réalisation collective. Création d’un symbole rassemblant l’essentiel de ce que le site nous inspire.

 

Asseoir sa « présence d’artiste » sur la Friche des Lentillères

Depuis l’automne dernier, je, «  mais pas uniquement », défriche, défrichons un petit coin au milieu de la Friche des Lentillères à Dijon. Cet endroit fait partie d’un grand espace laissé à l’abandon depuis 10 ans et occupé pour une part par le collectif potager « pot’coll’ » ainsi qu’une ferme maraichère cultivant une production très locale au moyen de chantiers collectifs et de solidarité destinée à être vendue sur le quartier, à prix libre.

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Création In Situ à Reulle-Vergy des 14 et 15 septembre 2012

Les habitants d’un village des Hautes Côtes de Nuit, qui font vivre depuis 35 ans leur association communale, m’ont demandé de créer sur place une réalisation plastique, avec ceux qui viendront dans le village pour le week-end culturel coïncidant avec les journées du Patrimoine et dont le village pourra disposer par la suite.

En réponse à l’invitation, j’ai taillé trois toiles de 2m de haut par 85 cm de large et je les ai préparées en les peignant avec 3 teintes d’ocres fabriquées par les habitants.

Ces ocres sont visibles au travers du village, sur toutes boiseries telles que portes, encadrements de fenêtre, poutres, portes de caves et de granges, palissades. Ce qui lui donne son identité particulière.

J’ai proposé que les trois panneaux de toiles puissent être tendus par la suite sur châssis pour, par exemple, devenir des stores coulissants pour les trois baies vitrées de l’entrée de la « grange au bourg », bâtiment communal abritant les manifestations festives, culturelles et associatives.

J’ai également proposé que tous les visiteurs puissent intervenir directement sur ces supports soit en dessinant, soit en laissant un mot au feutre en relation avec cette association et Reulle-Vergy.

Mon projet fut de partir de l’état des lieux, c’est-à-dire de l’existant :

  • une dynamique collective qui rassemble les gens grâce à l’association âgée de 35 ans ;
  • le « barbecue » emblème de l’association : construit par les habitants pour la buvette permettant de partager les repas autour des traditionnelles saucisses-frites ;
  • la peinture à l’ocre fabriquée et posée par les gens eux-mêmes sur des bâtiments publics et privés, offrant un nouvel aspect architectural au village (la peinture à l’ocre a fait partie d’une première initiative de réalisation collective des habitants, réalisé quelques années auparavant avec « Terre et Couleur » du CAUE de la Côte d’Or) ;
  • la fonctionnalité de la « grange au bourg » qui se déploie en longueur, la buvette en prolongement des salles de la réserve et de la cuisine;
  • les pierres apparentes, de couleur sable, sur tous les murs des salles d’expositions de concerts, de rassemblements festifs ;
  • le remblai de cailloux crayeux sur le seuil de la grange permettant d’installer des tables, bancs ou stands ;
  • le constat fait qu’à chaque manifestation, il se passe quelque chose à l’intérieur et quelque chose à l’extérieur ;
  • le rôle important de l’entrée de la grange car elle est le passage à franchir pour oser entrer ;
  • la capacité des habitants à imaginer apporter du nouveau à l’existant dans le village.

Conceptualisation et objectif de mon installation :

  • s’appuyer sur une « présence d’artiste » qui permet ;
  • réaliser ensemble une installation plastique apportant du nouveau à l’existant ;
  • produire un graphisme à partir des mots ou phrases pouvant faire écho aux graphismes des murs de pierre ;
  • inscrire ce temps de réalisation collective dans la mémoire patrimoniale du village.

« Table Ouverte # 10 » une proposition singulière et collective en même temps

Ce que je défends dans la spécificité de ma pratique est que chacun peut être en « capacité de transformer »,  en lien et singularité.

Ce que j’engage dans mes ateliers ouverts à qui que ce soit,  est une dynamique qui parce qu’il est possible d’investir un espace ,  relance de l’envie de faire qui elle-même relance de l’énergie chez chacun.

Relancer de l’énergie est capital,

en effet:

Tandis que je me fais un retour sur les dix dernières éditions de « table ouverte »,  je me rappelle de ces vécus avant tout comme de  moments à vivre, de temps de fabrications partagées dans l’espace ouvert de l’atelier. Chaque fois, ce qu’il s’y passe en revient à ceux qui sont là, des idées émergent de-ci de-là. Maintenant l’envie de porter à l’extérieur ce qu’il se trame à l’intérieur de ces moments se propage car  les participants occasionnels et cependant fidèles sont en train de penser divers gestes artistiques à installer hors l’atelier sous forme d’une installation collective.  Le titre de « présence d’habitant » donné à ce qui sera réalisé ce jour là, est l’expression traduisant une façon simple de se rendre présent, de marquer une présence d’habitant.

Chaque proposition sera singulière et collective en même temps.

Chaque proposition marquera une présence vivante, développante.

Je ne sais pas comment ces moments pourront contribuer à infléchir les grandes tendances de notre vie en société mais je n’arrive pas à croire que ce qui se vit dans ces espaces là n’auront jamais de conséquences sur la transformation de la société.

En tous cas, je sais déjà que les idées font ricochets car l’étagère à livres prévue comme installation éphémère devant l’atelier ( il s’agit d’un des projets porté par une personne venant aux « tables ouvertes ») et qui sera construite par les participants pour une date précise se créera aussi de manière pérenne dans le village de cette personne contribuant ainsi, peut être, à permettre la création de nouveaux usages dans les modes de vie des gens qui se serviront en livres et ceux qui en rapporteront.

Pourquoi un pont ou une passerelle entre le n°5 et le n°6 ?

J’ai eu à cœur de soutenir la création d’une passerelle en bambou à construire avec mes voisins ou/et avec ceux de passage, car je soutiens avec ténacité l’idée qu’il est important de penser qu’on est « capable de ».

Cette expérience locale datant de mai 2011 m’a appris que chacun peut contribuer selon diverses formes de présence et de temps à l’émergence d’une idée séduisante telle que rêver monter une passerelle à 5m de haut, nous reliant d’un côté à l’autre de la rue, que chacun peut contribuer à sa concrétisation et enfin vivre un repas partagé dans la rue.

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